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La communication sécurité :
un travail de régularité

La sécurité des collaborateurs a été un des sujets les plus évoqués en communication interne cette année.

Cependant si tout le monde s’accorde à dire que des mesures de communication doivent être mises en place, on ne met que très peu l’accent sur un élément essentiel de la réussite d’un plan de communication sécurité : la régularité de l’information.

La répétition est essentielle pour tout message communiqué, et en tant que communicants nous le savons bien : c’est ce qui fait que la cible identifie et mémorise l’intention qui lui est communiquée jusqu’à agir sur son comportement.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les collaborateurs sont des cibles aussi difficiles à toucher que les cibles commerciales. Accaparés par leur travail d’une part, mais également par des problématiques personnelles : les messages communiqués par l’entreprise ne seront considérés que comme des bruits supplémentaires s’ils ne les engagent pas suffisamment et quotidiennement.

Et c’est une option que l’on ne doit pas envisager dans un contexte où la sécurité de tous dépend de l’assiduité de chacun.

« Répète après moi » : « après moi »

Même si les règles à suivre pour être en sécurité peuvent paraître évidentes, il faut savoir que malgré les efforts, les mauvais réflexes faisant primer la rapidité, la fluidité ou la facilité, se fraient régulièrement un chemin au cœur des comportements.

Qu’il s’agisse de traverser la rue au mauvais endroit pour se rendre plus rapidement à la boulangerie, ou de ne pas suivre le trajet préconisé dans une usine pour faciliter la gestion d’une tâche : c’est souvent le manque d’attention et/ou l’excès de confiance qui occasionnera l’accident. Concentré sur la finalité d’une tâche, l’attention portée au comportement dangereux baisse.

Pourtant faire attention est au cœur de notre apprentissage social : on grandit en observant et en assimilant les règles qui régissent notre espace commun. Hélas, une fois adulte, ce sont souvent les mauvais réflexes qui priment. Habitués à ne pas avoir été sujets à certains dangers, on s’autorise davantage de latence quant à certains comportements dangereux.

Et c’est surtout un problème de mimétisme : si chacun respecte les procédures communes mises en place, le comportement « sans risque » sera jugé normal. Alors qu’à l’inverse, si les mesures communes sont prises « à la légère », ce que chacun trouvera « normal » est le réflexe à ne pas avoir. C’est aussi vrai hors de la sphère de l’entreprise 😉

Une raison à cela selon Albert Bandura : nous sommes habitués à apprendre par la reproduction et l’imitation. C’est ainsi que nous fonctionnons depuis la petite enfance.
Cet apprentissage n’est pas limité qu’à la sécurité, puisqu’il affecte également nos interactions sociales, nos processus de travail, de culture, … Selon Albert Bandura, il y aurait 4 étapes clés dans ce modèle d’apprentissage social : l’attention, la rétention, la reproduction et la motivation.

« Par trois méthodes, nous pouvons apprendre la sagesse : Premièrement, par la réflexion, qui est la plus noble ; Deuxièmement, par imitation, ce qui est plus facile ; Et troisièmement par l’expérience, qui est la plus amère. »
Confucius

C’est notamment pour cela que la sécurité est de plus en plus souvent placée au premier plan des politiques RH des entreprises. Si elle n’est pas abordée quotidiennement, primauté sera donnée aux questions de rentabilité, d’efficacité, de rapidité, … Qui sont au cœur de toute industrie.

Mais si la sécurité n’est pas renforcée par la formation et la communication, cette reproduction comportementale sera totalement soumise à la subjectivité des équipes.

Pour placer la sécurité au premier plan du parcours des collaborateurs, les actions à mettre en place sont multiples. On peut par exemple, en symbole d’exemplarité, montrer que du salarié, au contractant, jusqu’à la direction, tout le monde s’engage dans les mesures et procédures mises en place. Dans un autre registre, recueillir et faire valoir les bonnes pratiques internes prouve également que l’engagement de chacun est essentiel pour la sécurité de tous.

La motivation est la clé d’un apprentissage social réussi. Si le comportement « sécuritaire » ne semble pas être important pour le collaborateur, il ne trouvera aucun intérêt à le reproduire. Et encore plus si les questions de rapidité et de fluidité de ses actions sont davantage valorisées que son comportement « sécuritaire ».

Albert Bandura : Précurseur du courant de la psychologie sociale en Amérique du Nord, considéré comme l’un des chercheurs en psychologie les plus influents du xxe siècle.

Répéter ≠ rabâcher

Avec des fonctions, des trains de vie et des intérêts différents, les collaborateurs représentent à eux seuls un échantillon de la population extrêmement diversifié. Capter l’intérêt de ces cibles parfois très hétéroclites peut alors s’avérer compliqué.

« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent »
Albert Einstein

Nous ne sommes pas attentifs aux mêmes choses

Les messages relatifs à la communication interne – et plus spécifiquement sur la communication sécurité – doivent être régulièrement réaffirmés, et ce sous des formes et formats différents. Du rêveur la tête dans les étoiles au pensif terre à terre, aucun de vos collaborateurs ne doit passer à côté de messages garantissant la sécurité de chacun.

Les médias de l’attention : la signalétique, l’affichage fixe ou dynamique, les formats extraordinaires (soutenus par une charte graphique spécifique à la sécurité par exemple), …

Nous ne sommes pas motivés de la même manière

Si capter l’attention est un exercice difficile, la garder demande encore davantage d’efforts. Aussi, valoriser l’intérêt des collaborateurs à respecter les mesures de sécurité est essentiel à la bonne réussite d’un plan sécurité. Dispersés sur les canaux de communication interne, les messages relatifs à la sécurité doivent varier, afin de présenter l’information sous des angles différents.

Thématiques d’intérêt principales : A quels dangers suis-je sujet ? à quels moments ? Qu’est-ce qu’un problème de procédure peut occasionner pour mon équipe/ma division ? Que puis—je faire pour être en sécurité, et assurer celle de mes collègues ?

Nous ne sommes pas convaincus par les mêmes arguments

Une fois la sécurité ancrée dans l’esprit de chacun, reste alors à convaincre de la bonne vertu des procédures mises en place pour la renforcer. Ici encore, collaborateurs, managers comme dirigeants ont tous leur rôle à jouer, mais ils ne seront pas forcément réceptifs aux mêmes informations de la même manière. Pour les persuader de mettre au cœur de leur quotidien les mesures relatives à la sécurité, il faudra alors leur faire parvenir des arguments capables de les persuader.

Types d’information : Factuel (théorie, analyse, faits), fonctionnel (pratique, exemples), « créatif » (opinions, réflexions, débats)

Le reflexe ne vient que par la pratique

Enfin, et surtout ! La création de réflexes sécurité est l’objectif principal à garder en tête lors de l’élaboration d’une communication dédiée. C’est uniquement par ce biais que l’on pourra juger de procédures sécurité réussies et appropriées par chacun des concernés. La pratique est essentielle à ce titre, et doit être régulièrement challengée pour déceler et empêcher les mauvaises habitudes.

Faire valoir la pratique : formations, prévention directe (communication managériale), bonnes pratiques, jeux de rôle, rappels réguliers (par un responsable sécurité, accompagné de méthodes et exercices diversifiés par exemple).

Parfaire son plan d’action sécurité en diversifiant son approche

Howard Gardner identifie 9 formes d’intelligences différentes, propres à chaque individu. Pour que l’information relative à la sécurité puisse convaincre et imprégner tous les collaborateurs d’une entreprise, il est intéressant de diversifier son approche de communication en s’inspirant de ces différents modèles pour qu’elle soit compréhensible et assimilable par tous.

La raison principale ? Les intelligences généralement utilisées en entreprise sont les intelligence dites « scolaires » : la logique et la linguistique. « C’est car XXX et si XXX dans le contexte de XXX que l’accident aura lieu », « C’est car XXX et grâce à l’action de XXX que nous avons fait XXX bénéfices ». Cependant, dans une atmosphère de travail, ces logiques peuvent sembler lointaines aux collaborateurs, et difficilement prendre du sens.

Nourrir ces arguments « logiques et linguistiques » d’autres types de raisonnement et d’assimilation permettra donc de convaincre davantage vos collaborateurs. Les possibilités sont infinies, reste à savoir celles qui feront le plus d’adeptes !

Howard Gardner : né en 1943 à Scranton (Pennsylvanie), psychologue du développement américain, père de la théorie des intelligences multiples.
A noter : Ces intelligences ne sont pas figées ! Même si chaque personne a des potentialités différentes, les identifier et les travailler pour les développer reste possible 😊

En bref, un plan de communication sécurité consiste à disséminer régulièrement des arguments qui feront sens pour tous les acteurs de la sécurité en entreprise.

Répétition et régularité sont essentielles pour atteindre à terme le « zéro accident ».

L’aspect collaboratif est un moyen efficace pour engager efficacement vos collaborateurs à ce sujet. En mêlant les intérêts de tous pour favoriser la sécurité de chacun, au sein d’un dispositif collectif, l’ensemble de la chaîne managériale sera impliqué et responsabilisé dans un processus vertueux. Nos conseils pour faire jouer le collectif lors de nouvelles procédures ici !