
Le télétravail paraît marquer le pas. Nombre d’employeurs, après avoir réduit leurs surfaces d’accueil, et prêché les vertus du flex office, sonnent la fin de la récréation et cherchent à faire revenir leurs salariés dans les openspaces.
Quel revirement. Début 2024, 22% des salariés du privé télétravaillent au moins une fois par mois. On estime que 18% télétravaillent au moins un jour par semaine, contre 4% avant la crise sanitaire de 2019. La Covid a édicté de nouvelles règles dont les salariés s’accommodent très bien. 70% d’entre eux 10 jugent d’ailleurs leur poste « télétravaillable ».
Mais voilà, les employeurs aspirent au regroupement. L’esprit de corps paraît plus facile à faire régner quand les salariés sont rassemblés, et les ouailles plus réceptives sous le toit de la chapelle… En 2025, 76% des salariés déclarent avoir reçu une demande explicite de retour au bureau d’après une étude de Pulse Owl Lab.
Mais le retour au présentiel ne paraît pas aussi facile à vendre que le vent de liberté de 2020. Certes, une minorité de salariés déclarent préférer être présents au bureau pour mieux séparer leur vie professionnelle de leur vie privée, ou pour mieux interagir en face-à-face. Mais ils ne sont que 6% d’après une étude Gallup (2021-2022)
Aujourd’hui, en grande majorité, les collaborateurs tiennent pour acquis ces jours de télétravail, sur lesquels ils ont aligné leurs emplois du temps familial et privé. Au même titre que l’acquis social dans la fonction publique, le confort gagné ne s’abandonne pas avec le sourire, et se heurte à un effet cliquet difficile à ignorer. 62% des sondés souhaitent télétravailler au moins la moitié de la semaine. Tous arguent d’ailleurs que le télétravail n’est pas un frein à leur performance et à la productivité.
La marque a-t-elle intérêt à être identifiée comme partisane du retour à tout crin ? Rien n’est moins sûr. L’argument de la performance est douteux. Une enquête sur 1,3 million de salariés a montré que dans les entreprises certifiées “Fortune 100 Best Companies to Work For®” (dont 97 % pratiquent le Télétravail ou le modèle hybride), la productivité est 42 % supérieure à celle d’un environnement de travail classique. (Great place to work) En France, 35 % des salariés en télétravail estiment d’ailleurs que leur temps de travail est plus élevé qu’en présentiel. (Observatoire & Eurofound 2023–2024)
Autre effet fâcheux, les salariés très performants considèrent souvent les politiques de présence stricte comme un manque de confiance dans la marque (analyse de Deel juin 2025). C’est d’ailleurs une ligne d’attaque adoptée par les syndicats qui s’élèvent contre le rappel au bureau de la rentrée de Septembre.
Selon Gallup 2021-2022, le retour au bureau strict est souvent associé à une stratégie jugée paternaliste. Une politique souvent rejetée par les profils autonomes ou performants.
Tout porte à croire pour nos campagnes internes qu’il est plus judicieux de jouer avec la nouvelle donne du télétravail, que de la remettre en cause.
Dès le recrutement, la marque employeur y gagne. Non seulement le vivier de candidats à l’embauche s’en trouve élargi, puisque d’autres régions, voire l’international deviennent éligibles, mais la possibilité de travailler à distance devient même un argument de taille à l’embauche. N’oublions pas que les talents désormais regardent systématiquement combien de jours de Télétravail leur sont proposés dans leur contrat. La flexibilité est devenue un critère déterminant. Corolaire : Proposer deux à trois jours de Télétravail donne des points à la marque employeur contre sa concurrence !
La cohésion et la culture d’entreprise n’ont pas marqué le pas. Elles ont simplement changé de visage. L’enjeu majeur pour le communicant : garder vivants les rituels collectifs.
Service com et agence auront à cœur de maintenir les espaces d’échange digitaux, et de tenir à disposition de tous des outils collaboratifs. Un souci d’équité permanent entre les présents et les distanciés doit prévaloir à leurs décisions, et les managers doivent être formés à la relation hybride. Le meilleur moyen est sans doute de multiplier projets et outils collectifs, afin qu’il n’y ait qu’un monde et pas deux. Là encore, la communication interne aura son rôle à jouer, ajoutant une fonction de trait d’union au nombre de ses objectifs.