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Blason des cités,
logo des villes

Bien que le titre de cet article fasse écho aux célèbres fables, l’Histoire qui vous est contée n’est en rien moralisatrice.

Nous allons vous raconter comment les cités ont dû s’adapter aux changements historiques et sociétaux afin de réinventer leur image pour s’ancrer dans l’actualité.

L’Histoire évolue, les besoins changent, les cités enclavées deviennent des villes ouvertes au monde, leurs images suivent cette tendance.

Comment et pourquoi les blasons, emblèmes patrimoniaux et symboliques de l’histoire locale ont muté vers une représentation visuelle chartée qui tend à faire rayonner les villes au-delà de leurs murs ?

Le blason (n.m)

Ensemble des signes distinctifs et emblèmes d’une famille noble, d’une collectivité

Véritable symbole pour toutes celles et ceux qui l’arboraient fièrement, les blasons étaient construits à partir de codes hérités du langage héraldique. Représentés sur un écu en forme de bouclier, les couleurs, les signes, les rappels à la nature… leur servaient de construction graphique, permettant un rappel des caractéristiques du territoire, des forces d’un groupe et des légendes qui y étaient rattachées. Chaque blason était unique.

L’image du blason est une invention militaire destinée à représenter un clan, une armée, et par incidence, tous les habitants d’une cité, leur permettant de valoriser leur appartenance à un groupe ou à un territoire.

Cette identification a traversé l’Histoire d’Europe et de France, des Croisades à la Révolution française, période autour de laquelle son rôle évolue.

Les blasons appartenaient à toutes et tous. C’est cette force d’appartenance qui fait des blasons un héritage culturel.

Des bouleversements historiques

Cependant, leur réglementation a changé. Initialement empreinte de conquêtes militaires et d’appartenance à la noblesse, la naissance de la 3ème République, en 1870, à la suite de la Commune de Paris, bouscule la législation des blasons.

Depuis la loi du 5 avril 1884, les communes disposent de la souveraineté totale en matière d’armoiries. La délibération du conseil municipal qui en accepte la composition est l’acte officiel par lequel le blason communal acquiert son existence légale.

La loi municipale est le point de départ de l’affirmation progressive des communes face au pouvoir central. Elles disposent ainsi de toute largesse pour modifier ou créer leur propre blason. Ce dernier met en lumière et en valeur les attributs communaux et se doit de rester compréhensible et laïc.

À la suite de la seconde guerre mondiale, de la révolution industrielle et de la reconstruction du pays, les villes se redessinent et des changements s’opèrent. Les habitudes ont changé, les systèmes de transports ont évolué. Tout va plus vite, les citoyens sortent des villes pour aller travailler, se divertir… et sont moins attachés à leur territoire. Les habitants n’hésitent pas à déménager, l’herbe est parfois plus verte ailleurs…

Conserver ou révolutionner ?

Des villes en perpétuelle évolution

Il est donc temps pour les villes de gagner en attractivité afin de se démarquer des communes avoisinantes. Pour ce faire, il leur faut repenser leur image.

Les villes au passé riche et ancré dans leur territoire et leur histoire ont parfois du mal à laisser derrière elles ce qui leur semble être un symbole fort de leur identité. Certaines résisteront, au risque de conserver une image « vieillotte », d’autres choisiront de faire légèrement évoluer leur blason en le simplifiant et enfin certaines prendront en main leur avenir pour revisiter complètement leur image.

C’est cette dernière catégorie qui inspire notre article : ces villes qui ont un jour décidé de changer totalement d’image sans renier leur histoire.

La décentralisation a eu un impact fort et direct sur la communication des villes. De nouveaux moyens et compétences sont attribués aux collectivités locales, les régions se créent… et des campagnes d’image des villes se multiplient !

Pour faire rayonner sa ville au-delà de ses frontières, pour assurer ou réassurer un positionnement, pour asseoir un nouveau territoire, pour accompagner un changement politique : les occasions sont nombreuses pour revoir l’identité visuelle d’une ville. Les multiples occasions de prendre la parole, ainsi que les supports de communication diversifiés, même s’ils peuvent s’accorder avec les blasons souvent chargés de sens (mais aussi chargés tout court !), peuvent limiter ou contraindre ces nouveaux modes de communication.

Mais dans quelles mesures se font ces évolutions ? Et quelles sont les tendances graphiques des identités des territoires ?

Place à la simplification

Quelle que soit la raison de l’évolution, lorsqu’elle est souhaitée, la refonte de l’identité d’une ville est à réfléchir tant sur le fond que sur la forme.

Sur le fond, le logo doit exprimer ce qu’est la ville aujourd’hui mais aussi ce qu’elle sera demain, car une identité doit pouvoir survivre aux années qui passent et aux différents mandats.

Sur la forme, on constate depuis quelques années différentes tendances qui semblent s’ancrer et notamment, la simplification. Cela s’explique par la multiplication de support de communication mais aussi parce que les identités de villes deviennent des identités de marque à part entière. L’expression des villes et leurs actions de communication multicanales doivent pouvoir être vues, et reconnues aisément.

L’utilisation de l’abstrait

Alors même qu’historiquement, les villes retranscrivaient à travers leurs blasons les particularités paysagères ou architecturales de leurs territoires, aujourd’hui, des représentations abstraites sont davantage utilisées en guise d’identité visuelle. Plus que la ville ou le territoire, c’est l’institution qui semble alors primer.

Des labels nationaux pour valoriser des attributs

Si les identités des villes se simplifient et laissent de moins en moins apparaître leurs spécificités sur leurs logos, les labels nationaux peuvent compléter ces attributs et donner des indications sur les villes. Ainsi ces labels peuvent venir enrichir les identités des villes et évoquer :

  • Leur patrimoine architectural et naturel : « Villes et pays d’art et d’histoire », « Plus beaux villages de France »….
  • Leur engagement dans le respect de l’environnement : « Station verte », « Pavillon bleu »…
  • Mais également, des indications sur les spécificités d’une ville : « Villes et villages fleuris », « Ville Internet », « Ville amie des enfants »…

Ces labels semblent être une aubaine pour les villes en quête d’une simplification de leur identité. Ils laissent en effet l’opportunité de rendre un logo moins complexe, tout en pouvant être accompagné de caractéristiques spécifiques tendent à présenter les attributs de la ville de manière plus concrète.

Les villes évoluent, sont plus ouvertes et visionnaires, plus humaines et proches de leurs habitants, cela se traduit aussi dans leurs identités visuelles qui se transforment au fil des années.

Si le blason n’a pas dit son dernier mot, il est de plus en plus souvent revisité. La tendance reste à la simplification des identités des villes, symboles de leur modernité et de leur ouverture !